
Lettre ASAF 14/02
« Ne pas subir »
(Maréchal de Lattre de Tassigny)
Dans cette 2ème lettre mensuelle de 2014, l’ASAF rappelle certaines exigences qu’impose l’exercice des plus hautes responsabilités et en particulier celle de chef des armées.
Elle attire l’attention sur l’évolution de la situation en République Centrafricaine et sur les graves conséquences qui pourraient résulter, pour notre armée, du flou de sa mission et de l’insuffisance des moyens dont elle dispose. L’opération Turquoise au Rwanda, avec son cortège d’accusations mensongères, demeure dans l’esprit de tous les soldats français.
L’ASAF fait de l’année du centenaire de la Grande Guerre, celle de la mobilisation et de l’union du plus grand nombre de Français autour de leur armée. Nos compatriotes savent qu’elle est l’ultime recours de la Patrie sous réserve qu’elle demeure une force robuste et motivée vivant au cœur de la Nation et dans le cœur de chaque Français.
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Le Président et l’armée de la France
L’année 2013 a été riche en décisions qui engagent l’avenir de notre armée, c’est-à-dire, pour une part, celui de notre pays. Il s’agit du Livre blanc, de la loi de programmation militaire et de deux opérations militaires en Afrique.
L’année 2014 quant à elle s’ouvre sur des situations ambigües et dangereuses, tant par l’image négative que renvoie le chef des armées que par le flou qui entoure l’engagement de nos forces en République Centrafricaine (RCA).
Leurs conséquences sont de nature à ternir, affaiblir, voire décrédibiliser la France et son armée.
Vivre selon ses responsabilités
Un « président normal » de la France, ne peut pas être un homme « comme les autres ». Le président de la République française est le chef des armées 24 heures sur 24 et 365 jours par an. A ce titre, il est le détenteur du feu nucléaire et peut, dans l’urgence, décider seul de l’engagement des forces armées françaises partout dans le monde.
Ce pouvoir régalien considérable n’existe dans aucun autre pays démocratique ; il lui permet d’assumer au mieux son premier devoir puisque, selon l’expression du fondateur de la Vème République, « la Défense est le premier devoir de l’Etat ». Les récentes opérations en Libye et en Côte d’Ivoire, puis au Mali et en RCA ont montré comment les deux derniers présidents ont joué de ces pouvoirs entre 2011 et 2013.
Exercer les plus hautes responsabilités de l’Etat est une tâche immense, un sacerdoce du quotidien : celui du service exclusif de la Patrie et du peuple français. Cette fonction exige un sacrifice personnel permanent. Elle ne peut en aucun cas être assumée par« monsieur tout le monde ». En envoyant au combat et parfois à la mort des fils et filles de France, il exerce ses prérogatives au service des intérêts supérieurs de la France et des Français.
Ces responsabilités, les pouvoirs dont il dispose et les moyens qui sont mis à son service, lui imposent des règles de comportement auxquelles il doit se soumettre. En les contournant, il discrédite la plus haute fonction régalienne et affaiblit notre pays aux yeux du monde.
Clarifier, expliquer et défendre l’engagement de nos armées
Si l’Histoire nous rappelle que notre outil de défense doit être cohérent avec notre politique étrangère, il est tout aussi vrai que l’engagement opérationnel de nos armées doit toujours s’inscrire dans sa politique extérieure avec des objectifs clairs. Les Français doivent comprendre et partager les raisons pour lesquelles la France accepte de sacrifier ses soldats et dépenser son argent.
C’est pourquoi les missions données à nos forces au Mali et plus encore en RCA doivent être expliquées sans ambigüité par le président de la République dont c’est le rôle en tant que chef des armées, la conduite des opérations sur le terrain restant du ressort exclusif des chefs militaires. Ce n’est à l’évidence pas le cas pour la RCA.
Quel est le but final de notre engagement en RCA ? Le retour à un équilibre qui n’a jamais existé ? Un transfert de responsabilités à des forces africaines incapables de les assumer efficacement ? Ou bien sécuriser ce pays abandonné et aider à son redressement et à son développement économique, seule solution durable, susceptible de favoriser la réconciliation des adversaires d’hier ? Qui peut nier que nos effectifs sont alors très largement insuffisants ?
Cette situation de faiblesse expose inutilement nos soldats à des actions audacieuses conduites par nos adversaires. Elle contribue à affaiblir leur crédibilité et leur capacité de dissuasion. Aujourd’hui nos forces ne contrôlent qu’une faible partie du pays laissant ainsi de vastes régions aux mains de rebelles qui continuent d’exercer des violences - pillages, viols et massacres - sur la population.
Qui nous dit que demain la France, en l’occurrence son armée, ne sera pas alors accusée de complicité de meurtres ? Le chef des armées d’aujourd’hui ne sera sans doute plus là pour assumer ses responsabilités. L’exemple du Rwanda, où nos troupes ont pourtant réalisé une mission de sauvetage humanitaire remarquable lors de l’opération Turquoise, est révélateur puisque nos soldats et leurs chefs se retrouvent aujourd’hui à nouveau mis en accusation par les autorités rwandaises à l’occasion du 20ème anniversaire du génocide.
Quel est le président de la République qui s’insurgera enfin contre les allégations mensongères prononcées à l’égard de nos militaires qui ont pourtant agi selon les ordres donnés par le Président du moment ?
2014 sera donc une année au cours de laquelle l’ASAF exercera toute sa vigilance. Elle souhaite mobiliser tous ceux qui estiment que, dans les circonstances actuelles et face aux multiples menaces qui s’annoncent, soutenir l’armée, c’est servir la France.
LA REDACTION
Vos commentaires
# Le 12 février 2014 à 10:17, par Menhir En réponse à : Lettre ASAF 14/02 : "Le Président et l’armée de la France"
« ... face aux multiples menaces qui s’annoncent, soutenir l’armée, c’est servir la France. »
Et j’ajouterai : Surtout tous les français, selon la Constitution, c’est son premier rôle, comme entre les années de 1954 à 1962, l’Armée a été soutenue... Md Pleurs... (Un ex-appelé du Contingent) !
# Le 13 février 2014 à 10:30, par Jean-Louis En réponse à : Lettre ASAF 14/02 : "Le Président et l’armée de la France"
Gloire à l’Armée Française qui a vécu, nous le savons, de grandes heures en Algérie :
Un petit exemple d’enseignement de la population du Douar Gramnine situé au-dessus d’Arzew (photo datant de septembre 1959, prise par mon épouse instructrice à la base d’Arzew).
# Le 13 février 2014 à 16:12, par Menhir En réponse à : Lettre ASAF 14/02 : "Le Président et l’armée de la France"
Bien sûr, Jean Louis. Nous aussi de 1955 à 1959 nous avons construit, éduqué, soigné. Dans mon coin, protèger en particulier les moissons. J’ai essayé de passer quelques photos dans ce Post, mais ça ne fonctionne pas bien ou alors je ne sais pas faire.
Ce qu’a fait l’Armée, elle l’a pour ainsi dire fait toute seule avec le peu de moyen que l’on nous donnait. Pendant ma période, il faut se souvenir que c’est elle qui faisait l’administration civile, Gouvernement Général de l’Algérie. D’ailleurs mon permis de conduire a été validé avec le n°1395 en 1958, Préfecture de Mostaganem et c’est... moi qui l’ai enregistré avec pleins d’ennuis après mon rapatriement en Métropole avec des autorités de police qui le trouvaient non conforme ! J’ai même fait fonction de secrétaire de Mairie, mariages, naissances, décès.
J’ai reçu un jour un lot de cartouches 8m/m pour fusils Lebel, alors que mes gars avaient des Garants américains de 7,62m/m. Nous étions obligé de voler des pneus de GMC au dépôt de la Brigade.
En plus de tout celà, certain parmis nous se sont... mariés. Moi, j’avais aussi une promise. Je n’ai pas pu. Elle est restée là bas dans un petit carré de terre. Marc connait mon histoire...
Je voulais dire que ce qu’elle a fait mon Armée à moi, c’est sans aide véritable de l’Etat comme avec mes camarades d’Indochine. De Lattre, Leclerc, Cogny, Giraud, Ely n’étaient plus là pour l’aider à ce qu’elle aurait du être. C’est ça que je voulais dire peut-être maladroitement .
# Le 16 février 2014 à 15:03, par Jean-Louis En réponse à : Lettre ASAF 14/02 : "Le Président et l’armée de la France"
Ah ! enfin, je peux dialoguer avec Menhir. Je commençais à m’inquiéter !
Oui, ce serait très intéressant, de temps à autres, de voir des photos parlantes de cette épopée tragique. Je n’ai pas eu de difficultés pour poster la mienne : J’ai simplement scanner et joint le fichier jpg dans la rubrique « Choisissez un fichier » située au bas du texte.
A propos de Notre Armée qui a tant et tant fait pour les populations d’Algérie et en particulier pour les indigènes dans le bled, je me demande bien souvent, s’il existe une armée semblable dans le monde. Je ne le pense pas.
Une rectification de taille par rapport à ce que nos gouvernants actuels ne cessent d’avancer intentionnellement :
Elle n’est pas l’Armée de la République, mais l’Armée de la République Française.
# Le 17 février 2014 à 12:41, par Menhir En réponse à : Lettre ASAF 14/02 : "Le Président et l’armée de la France"
Ben oui, Yann Loeïz, Jean Louis quoi ! Comme on dit chez moi. A mon avis, nous sommes tous les deux des écorchés...
Je pense que si je n’ai pas pu passer des images, c’est à cause de la panne provoquées par ces foutus cons de hacker’s très certainement téléguidés par une bande d’enfoirés qui croyent que l’Univers leur appartient et que leurs idées obsolètes sont encore de mise en affirmant que tous, je dis bien tous, les français d’Algérie étaient des colonialistes, quand seulement ils défendaient leur espace de vie (A remarquer que ceux à qui on a fait ce cadeau n’en sont pas plus heureux pour ça). Ces opposants, en particulier, hé, hé, 1+9=Zéro, ne sont pas sincères pour affirmer celà en mettant tous ces gens dans le même sac, (Réflexion valable pour certains parmis vous en ce qui concerne les Métros...) des agents d’Electricité d’Algérie, du Gaz d’Algérie, des postiers, des chauffeurs de car, des trains, des ouvriers des mines, des convoyeurs et chauffeurs sahariens, des cultivateurs et exploitants sans être les patrons comme Schiafino, Total, Elf, les navires de Onassis dans le port d’Oran, les vrais affameurs de laborieux comme partout dans le Monde. De plus, la manière de procéder est « vach’tement courageuse » ! En quelque sorte, le cul de plomb tourné vers l’ennemi.
Ca n’est pas pour autant que je ferai la bise à une fille de la Marine, ni à qui que ce soit « carté » de parti et pris. Je ne suis pas à voile et à vapeur et considère que les extrèmes se touchent quand on ferme le cercle !